Miam les disques

Vinylmania, le fétichisme un peu cher

Posted in disques, documentaire, vinyl, vinyle by Furtif on 6 novembre 2011

Le vinyle fait l’objet d’une dévotion confinant parfois au fétichisme.

Il y a quelques jours, Arte a diffusé Vinylmania, un documentaire italien sur le vinyle et ses adorateurs (à voir sur le site d’Arte, puisque WordPress refuse de l’afficher ici). Il n’est pas le premier travail documentaire consacré aux diggers et autres fétichistes, ni le dernier d’ailleurs (un autre, britannique celui-là, s’intéressant au « rôle que le vinyle a joué dans nos vies », est en chantier depuis deux ans et devrait sortir en 2013). Passons sur son aspect assez brouillon et décousu, ce n’est pas le point que je voulais soulever.

Pochette de Vinylmania par Winston Smith

Pochette de Vinylmania par Winston Smith

En s’y intéressant un peu, on découvre que le documentaire a un projet Kickstarter en cours. Pour les béotiens, Kickstarter est un moyen de financer des projets grâce à des « coproducteurs » – vous, moi – qui, moyennant une participation, percevront une récompense définie à l’origine, une sorte de retour sur investissement en quelque sorte.

Le projet a pour but de réaliser le double DVD du documentaire et de lui offrir une distribution mondiale. Les tenants du projet expliquent qu’un soutien est indispensable pour réaliser le DVD, enregistrer une voix off, réaliser un sous-titrage diversifié, constituer les bonus, entourer cela d’un artwork original et clearer les droits musicaux – c’est-à-dire s’assurer de l’utilisation légale des morceaux utilisés et de la rétribution des ayant-droits.

C’est précisément là où cela me fait tiquer. Ce qui coûte, lorsqu’il s’agit de clearer les droits, c’est le temps : rechercher les détenteurs de droits (souvent multiples et pas toujours évidents à identifier), expliquer et négocier représente un poste très chronophage, qui exige donc de payer une personne pour le faire. Ensuite, selon le support de diffusion, la longueur, le marché visé, on convient d’un prix et tope-là, les détenteurs prennent le pognon ; ce coût-là fera alors partie du prix final, pas de celui de la préparation.

Mais un passage sur Arte suppose a minima que le travail de recherche a été mené à bien (dans le cas contraire, ce serait une sérieuse épine dans le pied de la chaîne et de la production).

Autre point étonnant, la somme considérable demandée : un Kickstarter à 30 000 $ pour un documentaire déjà produit, tourné et diffusé (et sans doute amorti en grande partie – le passage sur Arte/ZDF n’est pas une affaire philantropique) me semble onéreux. C’est souvent le coût estimé pour un projet à venir. Qui plus est, si j’investis dans ce projet, il me faut mettre 50 $ minimum au pot pour obtenir une copie du double DVD. En deçà de cette somme, je n’ai droit qu’aux remerciements.

L’idée n’est pas de descendre le projet et l’enthousiasme qui accompagne celui-ci. Il lui reste trois jours pour boucler son budget, et c’est tout le mal que je leur souhaite. Certes, l’artwork (ci-contre) n’est pas l’œuvre du premier venu, les bonus peuvent valoir le coup, mais il ne faudrait pas considérer que l’engouement pour l’objet vinyle et le fétichisme qui l’entoure justifient des coûts exorbitants. On peut être snob, mais aussi fauché.